Le Dicton du jour :
« Soleil au jour de Saint-Hilaire (25 octobre), rentre ton bois pour lâhiver. »
Le Savarin
Restaurant |75009 PARIS
Pour tous ceux qui, et ils sont nombreux, ont connu Belle Maison, lâattente est forcĂ©ment grande. CâĂ©tait lâune des belles adresses de poissons de la capitale.
La nouvelle formule est trĂšs dĂ©cevante. La cuisine est sans Ăąme. Les plats sont mal troussĂ©s et le rĂ©sultat est sans intĂ©rĂȘt.
Les deux fois oĂč nous y sommes allĂ©s, le ressenti est le mĂȘme. Il est peu envisageable de tenter un troisiĂšme essai. MĂȘme par nostalgie.
Pourtant lâĂ©quipe est sympathique et souriante, les prix sont raisonnables.
Nous aurions aimĂ© pouvoir ĂȘtre positifsâŠ
Oscar et Thibault
Le Savarin
4 rue de Navarin
75009 Paris
Pretoria in Bretagne, des mosbolletjies au Mosaic et Chantel cheffe au ChĂąteau de TesniĂšres
Il y a lâAtlantique, le mĂȘme ocĂ©an, mais le ciel en est un autre car autant la cave fabuleuse, que la cheffe vertueuse, ont changĂ© dâhĂ©misphĂšre. On va imaginer, donc, que vous ĂȘtes un (une) jesaistout et donc au courant de la cĂ©lĂ©britĂ© gastronomique de Mosaic, le restaurant qui depuis trois lustres faisait la fiertĂ© de Pretoria (Afrique du Sud) et oĂč Chantel Dartnall a rĂ©ussi Ă dĂ©nicher des prix comme celui de figurer en 2017 parmi les meilleur(e)s chef(fe)s au mondial The 50 Best.
Et voilĂ que ce Mosaic nâest plus en Pretoria mais plutĂŽt Ă une demi-heure de Rennes, Ă 2h de Paris. Plus prĂ©cisĂ©ment, Mosaic, avec sa cheffe et mĂȘme une part de lâĂ©quipe en V.O. occupe dorĂ©navant une coquette salle Art Nouveau, trĂšs Ă©litiste dans son espace, car rĂ©servĂ© Ă vingt couverts, dans le ChĂąteau des TesniĂšres*.
Quand la RĂ©volution produit comme bĂ©nĂ©fice collatĂ©ral le restaurant, le triangle du plaisir est Ă©tabli : cuisine et salle en haut, cave en bas. Mais le restaurant Ă©tant le produit de la RĂ©volution, ce changement de sociĂ©tĂ© affecta gravement les chĂąteaux et autres domiciles des aristocrates. Objection ! Il faut reconnaĂźtre, noblesse oblige, que la RĂ©volution sâarrĂȘte, sitĂŽt elle engendra la nouvelle bourgeoisie, ceux qui seront dâemblĂ©e parvenus et petit Ă petit des installĂ©s et qui donc se rĂ©clament de lâaristocratie.
Puisque nous ne comprenons que ce qui se passe simulons lâavoir inventĂ© (un cocktail, des Cocteau).
Ou si vous prĂ©fĂ©rez la littĂ©rature italienne, lisons Le GuĂ©pard: « Si nous voulons que tout reste tel que câest, il faut que tout change. », dit Tancredi Falconeri. Et Don Fabrizio, prince de Salina : « Comme câest, au fond : rien quâune lente substitution de classes. » (Giuseppe Tomasi di Lampedusa, 1958).
(Note dâun grincheux : lâaristocrate sicilien qui Ă la fin de sa vie a Ă©crit ce chef dâĆuvre, est souvent oubliĂ© dans lâempire internet dont le GuĂ©pard se rĂ©fĂšre dâhabitude Ă Luchino Visconti et/ou Alain Delon).
VoilĂ quâon arrive aprĂšs une demi-heure de voiture en partant de la gare de Rennes, Ă lâimposant chĂąteau acquis en 2021 par la famille Dartnall-Du Plessis grĂące aux gestions dâune petite mais active communautĂ© sudafricaine bretonnisĂ©e derniĂšrement ; grĂące surtout aux souvenirs dâune famille qui prĂ©sume des ancĂȘtres bretons, des huguenotes Ă©chappant dans le lointain sud aux guerres de religion françaises du XVIIĂšme siĂšcle pour compter parmi les pionniers du vignoble de lâAfrique du Sud.
Des vignerons en collectionneurs, les Dartnall ont rĂ©ussi Ă rĂ©unir plus de 80.000 bouteilles dont des vrais trĂ©sors Ćnologiques.
Maintenant, au bout de quatre annĂ©es de voyages rigoureusement vigilĂ©s plus dâun quart de ce trĂ©sor est bien gardĂ© dans le ventre du chĂąteau. Les bouteilles nâarrivent pas seules non plus: RenĂ© Veldhizen, la sommeliĂšre Sud-africaine du Mosaic a veillĂ© sur le transport et lâinstallation et lâaccord de tout cela avec la cuisine de la cheffe, qui cherche quant Ă elle une imprĂ©gnation bretonne.
En fait, tout prĂšs du chĂąteau, les Dartnell ont dĂ» construire pour donner un toit autant Ă la sommeliĂšre quâaux autres Ă©lĂ©ments vitaux du Mosaic qui ont fait la traversĂ©e, comme la cheffe pĂątissiĂšre Antro Davel, ou bien Anna attirĂ©e par lâapproche botanique de la cuisine de Chantel, et Johanna (« nĂ©e dans le village de Co-Mattola ») ou enfin Surprise, la doyenne, 17 ans Ă cĂŽtĂ© de la cheffe.
Câest-Ă -dire, « plus quâune brigade une famille crĂ©ative », comme les dĂ©finit Chantel, « des vĂ©ritables couteaux suisses puisque participent aux plantations du potager, visitent les producteurs de la Bretagne, dĂ©couvrent une nouvelle cuisine, un nouveau terroir, sâen imprĂšgnent pour mieux le sublimer ».
Si la cave a mĂ©ritĂ© dâentrĂ©e (le chĂąteau a ouvert au public en mai) le prix Lebey 2026 de la meilleure carte de vins (jugement Bettane-Dessauve) je ne peux que vous conseiller, si vous dĂ©cidez dây aller, de prendre votre temps pour lâĂ©tudier, autant par leurs richesses que pour les opportunitĂ©s quâelle recĂšle, avec assez de prix sages, surtout quand on sait que le chĂąteau est disposĂ© Ă vous vendre des grandes bouteilles Ă emporter.
Bien sĂ»r, le dĂźneur peut dĂ©guster les merveilles dĂ©nichĂ©es en champagne (le vin prĂ©fĂ©rĂ© de la cheffe), bourgogne, Loire, jusquâaux caprices en Allemagne (Kloster Eberbach RuÌdesheimer Riesling Trocken Grosses GewaÌchs 2010 ), Espagne (des Unico de Vega Sicilia) ou Porto, avec la tranquillitĂ© dâesprit qui donne la possibilitĂ© de dormir sur place, dans lâune des six suites, toutes Ă thĂšme grandes femmes : Reine de Saba, ShĂ©hĂ©razade de Perse, la Reine Anne de Bretagne, lâimpĂ©ratrice douariĂšre Cixi de Chine, lâimpĂ©ratrice Muntas Mahal en Inde, Yama & Thida Mandalay.
Soigneusement chinĂ©s, objets, bibelots, meubles sâaccouplent au plus prĂšs du sujet choisi tandis que lâensemble devient presque musĂ©e, avec les 1.300 Ćuvres dâart, peinture, sculpture de la collection familiĂšre.
Place Ă la cuisine « locale mais multiculturelle » de Chantel, bien sĂ»r plus versĂ©e sur la botanique quâaimant la zoologie, comme le veut lâuniverselle tendance.
Un dĂ©jeuner, avec le menu Grande DĂ©gustation (220âŹ) mâa conquis haut la main pour des hors-dâĆuvre dont le travail minutieux nâavait rien de prĂ©cieux, mais au contraire montrait une prĂ©cision gourmande. PremiĂšre surprise dĂšs lâouverture: Franschoek (le coin français, par ses origines) Mosbolletjies, un pain cousin germain des premiĂšres vinifications des Ă©migrĂ©s qui dĂ©couvrent dans le mout un ersatz de levure pour un rĂ©sultat lĂ©gĂšrement sucrĂ© et y sentant lâanis, que la cheffe sert avec une crĂšme de parmesan.
Un jeu avec des variĂ©tĂ©s de carottes, un autre oĂč lâhuĂźtre (de Cancale bien sĂ»r !) sâaccorde avec une poire et du caviar dâAquitaine, la rencontre avec le Biltong (sorte de charcuterie de la savane) et un plat quâon dirait hommage Ă Michel Bras (lâun des maĂźtres dâapprentissage et/ou inspirateurs français de la cheffe, avec Pierre Gagnaire et Alain Passard, Pascal Barbot et Guy Savoy) prĂ©cĂšdent un petit faux-pas, un plat trop dĂ©monstratif, Lâinfusion de lâAlchimiste dont ni les langoustines ni les lĂ©gumes anciens ni le consommĂ© de tomate donnent un plat. En revanche, la soupe foie gras, truffe, chou-fleur (plat vedette depuis sept ans Ă Pretoria) autant que le pigeonneau royal (cuisson de haute technicitĂ©), champignons sauvages jus au vin rouge et truffe (lâautre choix Ă©tant le poisson local du jour veloutĂ© de fenouil salade marine) clĂŽturent brillamment le chapitre salĂ©.
Tout au long du repas, la sommeliĂšre vous propose (en anglais de lâAfrique du sud) un triple choix sur chaque plat, champagne ou vins tranquilles français ou autres et toujours un accord sans alcool.
Les deux premiers desserts se veulent locaux (lâun Ă partir du reblochon de Laetitia Gaborit, pomme bretonne, caramel et un FĂ©es de la ForĂȘt de BrocĂ©liande avec du chocolat, noisette, cafĂ©) pour en finir bucoliques (Les oiseaux et les abeilles) avec du « miel, yuzu et fĂšves de Tonka ». En revanche, sachez-le, un seul parmi ceux qui vous servent parle français.
Nobody is perfect, au bon milieu de tant de beautĂ© intelligente sur table les couverts dĂ©tonnent : ces armes indispensables au dialogue avec les mets et oĂč le poids doit rassurer et la fonction aller de pair avec la puissance de sa matiĂšre, ils sont lĂ dâune confondante banalitĂ©.* ChĂąteau des TesniĂšres â Restaurant Mosaic. Lieu-dit TesniĂšres 35370 TorcĂ© TĂ©l.: 07 45 39 93 80 / info@chateau-des-tesnieres.com
Menus:
Petite DĂ©gustation : 190âŹ
Grande DĂ©gustation : 220âŹ
Accords vins : 110⏠et 155âŹ
Accords s/alcool : 25/35âŹ
Oscar Caballero est journaliste culturel, chroniqueur gastronomique et auteur. Notamment de « Quand la cuisine fait dateâ.
© Pixabay
Les produits de saison
Les produits que lâon peut lĂ©gitimement trouver sur nos tables en cette saison.Â
Le topinambour
Rien que le nom fait rire. Pourtant ils sont excellents au goĂ»t et pour la santĂ©. Riche en vitamine B (lâĂ©nergie) et en minĂ©raux indispensables. Ne pas hĂ©siter Ă ajouter un jus de citron pour Ă©viter de potentiels effets indĂ©sirablesâŠ
Abat-faim
Ce nâest pas le premier mets prĂ©sentĂ©, câest le premier des plats de rĂ©sistance que lâon sert pour calmer la faim des convives.
Lâexpression est passablement vieillie, comme la pratique, car aujourdâhui la premiĂšre faim sâapaise surtout avec des hors-dâĆuvre ou de petites entrĂ©es, qui ne sont point des plats de rĂ©sistance.








