Le Dicton du jour :
« A Saint-Paulin, on compte les hirondelles autour dâAmiens. »
La Démocratie
Restaurant |75007 PARIS
Ce nâest pas le sujet dâun dĂ©bat mais bien le nom dâun restaurant insolite situĂ© au dĂ©but du Boulevard Raspail. Le nom rappelle que câest ici que le journal Ă©ponyme avait son siĂšge. Le dĂ©cor est restĂ© dans son jus et lâon peut privatiser lâancienne salle de rĂ©daction pour y organiser un Ă©vĂšnement.
LâĂ©lĂ©ment clĂ© câest bien sĂ»r le jardin qui est assez unique dans Paris.
La cuisine fait le job mais ne mérite pas de mention particuliÚre. En revanche le service est trÚs sympathique et les prix sont raisonnables.
En rĂ©sumĂ© câest une adresse Ă connaĂźtre.
Mais aussi Ă garder en tĂȘte : Drouant (75002), Clos dâAstorg (75008), Gallopin (75009), les Poulettes Batignolles (75017).
Oscar et Thibault
La Démocratie
34 boulevard Raspail
75007 Paris
Ici on fait de lâomelette sans casser du bĆuf
Quand le steak-frites fut intronisĂ© parmi les Mythologiques de Roland BarthĂšs, la viande -symbole dâune post-guerre surmontĂ©e petit Ă petit (le plan Marshall aidant) pour les Parisiens- incarnait aussi, dans la restauration parisienne un petit point plus huppĂ© dans le chateaubriand pommes vapeur.
Je parle des annĂ©es 1970 et par exemple du Vaudeville dâavant Jean-Paul Bucher, le grand Alsacien qui a sauvĂ© tant de dĂ©cors de brasserie et rĂ©ussi Ă dĂ©mocratiser le foie gras.
Il y a eu et il y aura toujours des modes plus Ă©phĂ©mĂšres comme celle des mousses -dans les premiĂšres annĂ©es de 1980, bien avant lâarrivĂ©e du mot espagnol espumas -ce qui est rare dans le latin de cuisine française - et du syphon pour les faire, rĂ©cupĂ©rĂ© de lâoubli par El Bulli.
Mais si lâon doit chercher ce qui reste aujourdâhui de ce que prĂ©fĂ©raient les Parisiens alors il y a au moins trois long-sellers encore et toujours prĂ©sents et pas seulement au restaurant.
Je parle des carottes rĂąpĂ©es, le cĂ©leri rĂ©moulade et la betterave cuite. De braves mets, car ils ont survĂ©cu Ă la main lourde des cuisiniers de cantines dâĂ©cole et dâentreprise.
Et je vous parle dâune Ă©poque oĂč les lĂ©gumes montraient Ă peine leurs racines.
Car il ne faut pas oublier que ce nâest pas Maximâs ni non plus la Nouvelle Cuisine qui vont imposer lĂ©gumes et poissons dans le menu des Parisiens en particulier et des Français(es) en gĂ©nĂ©ral mais, depuis les annĂ©es 1960, les surgelĂ©s. Oui, cette nourriture vraiment venue du froid.
Sur le podium de la rĂ©sistance, lâargent et le bronze seraient Ă partager peu aprĂšs pour le tarama, les nems, les rouleaux de printemps.
Depuis les années 1960, un autre best mets : le couscous.
Mais surtout le couscous parisien, comme appelait le grand Wally, patron kabyle du restaurant Wally le Saharien, restaurateur dâun grand raffinement qui dĂ©jĂ en 1980, quand laissant derriĂšre son Wally de Paris XVIIIĂšme venait de sâinstaller (avec un luxe oriental, aux lumiĂšres tamisĂ©es) rue le Regrattier Ă lâĂźle Saint Louis, sâĂ©tait resignĂ© Ă servir la version noyĂ©e dans le bouillon au plus grand mĂ©pris du grain, car les Parisiens la demandaient.
Mais toujours en respectant un certain ordre de graindeur et sa fiertĂ© dâhomme du dĂ©sert, il avait inscrit Ă la carte ce plat comme Le couscous parisien. Les sots qui le commandaient sans percevoir la pointe dâironie dans lâappellation ne pouvaient apprĂ©cier la finesse de la semoule quâil servait toute seule, rĂ©ussie dans le double travail vapeur beurre-vapeur huile comme les AlgĂ©riens aiment le faire, le bouillon Ă cĂŽtĂ©.
Jean-Pierre Imbach, un confrĂšre, bon chroniqueur gastronomique de lâĂ©poque le raconta ainsi dans son Paris Gourmand (Balland, 1980) : « La semoule est servie telle quelle sans ces infĂąmes bouillon gras oĂč nagent habituellement des lĂ©gumes archi-rĂ©chauffĂ©s ».
Et moi, dans le Sud Paris du Guide GantiĂ©, en toute digression comme dâhabitude et dans un Wally revenue dans le XVIIIĂšme, rue Rodier : « Ici, M Wally Chouaki dirige, avec sa femme, le conservatoire dâune cuisine saharienne -wallyĂšne ?- quâil a bel et bien dĂ©couvert aux Parisiens, avec une semoule qui offre une mĂ©taphore du sable du dĂ©sert et qui est devenue la marque de fabrique de sa cuisine (Borges Ă genoux, faisant couler de sa main le sable quâil ne pouvait pas voir, pour se redresser triomphal : « Je viens de modifier le Sahara »)».
Quoi dâautre parmi les rares aliments qui traversent les Ă©poques?
Facile : lâĆuf ! Aujourdâhui vendredi 10 du mois, dix est le jour international de lâĆuf, journĂ©e pour se redemander qui a Ă©tĂ© avant, lâĆuf ou la poule ou rĂ©sumer la dĂ©couverte de lâAmĂ©rique Ă lâĆuf de Colomb, sans parler des meurettes et autres tortillas (pour Ă©viter la rime avec omelette).
Ă ce propos, saviez-vous que dans toute lâEspagne lâomelette sâappelle tortilla francesa (la tortilla de la France) et pendant des annĂ©es elle a Ă©tĂ© le dĂźner aussi austĂšre que consensuel (avec une petite salade) des MadrilĂšnes dont le repas principal Ă©tait le dĂ©jeuner de cuillĂšre (des ragoĂ»ts et autres mijotĂ©es, viandes ou poissons, avec des haricots blancs, des lentilles, ces plats quâon mange avec une cuillĂšre) et donc la nuit demandait quelque chose de lĂ©ger.
Qui plus est, le sandwich Ă lâomelette est aussi populaire lĂ -bas que le parisien jambon beurre Ă Paris.
Pour ce faire lâEspagne produit 14,9% des Ćufs de lâEurope, pareil que lâAllemagne mais derriĂšre le maillot jaune -dâĆuf bien sĂ»r- de la France avec leur 15,6% : 266 Ćufs par an et par habitant en 2024.
Par ailleurs, depuis 2018 un logo Ćufs de France « permet dâidentifier les Ćufs pondus en France, par des poules nĂ©es et Ă©levĂ©es sur le territoire ».
Enfin pour effacer les PyrĂ©nĂ©es voilĂ ce que recommande le mĂ©decin nutritionniste Laurence Plumey dans un dossier conjoint Ćufs de France/Interprofession des Ćufs : « Lâomelette salade verte du soir est facile et rapide Ă prĂ©parer. Elle se digĂšre facilement et ne fait pas grossir. ComplĂ©tĂ©e dâun laitage et dâun fruit, elle fait un repas idĂ©al ».
La preuve par neuf quâen commençant par le bĆuf, la fin Ă©tait dĂ©jĂ dans lâĆuf.
Oscar Caballero est journaliste culturel, chroniqueur gastronomique et auteur. Notamment de « Quand la cuisine fait dateâ.
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Les produits de saison
Les produits que lâon peut lĂ©gitimement trouver sur nos tables en cette saison.Â
Les courges
Les voilĂ de retour. Signe du retour de lâautomne, elles vont nous accompagner jusquâau printemps. Alors bienvenue au rouge vif dâEtampes, au bronzĂ© de MonthlĂ©ry, au jaune gros de Paris, au bleu de Hongrie, aux giraumons (ou bonnet turc), aux potimarrons et autres Butternut !
La palette
La plus employĂ©e en cuisine - celle du porc - comprend lâomoplate et la chair, semĂ©e de rappels de lard onctueux, qui la recouvre.
Elle constitue le principal élément carné du petit salé aux choux.