Le Dicton du jour :
« Sâil pleut Ă la Saint-Martin-le-Bouillant (11 juillet), il pleut six semaines durant. »
CODA
Bistrot|75009 PARIS
LA dĂ©couverte de ce semestre. Jâen avais entendu parlĂ© depuis longtemps mais lâoccasion ne sâĂ©tait pas prĂ©sentĂ©e. Un couple de passionnĂ©s (Pauline et Vincent) a pris les commandes et câest un festival merveilleux. La cuisine est trĂšs originale. Les accords sont trĂšs astucieux. La carte est courte. Tout est fait Ă la minute en fonction des produits de saison (sauf lâexcellentissime charcuterie que le chef prĂ©pare lui mĂȘme ! Ă elle seule elle vaut le voyage. Parole de lorrainâŠ).
Difficile de citer des plats car la carte change sans cesse.
Tout est rationalisĂ© au mieux afin de garder des prix TRĂS accessibles. Mais le souci du dĂ©tail est omniprĂ©sent. Le terme de bistrot est presque rĂ©ducteur pour qualifier cet endroit assez unique.
Le service est trÚs sympathique et attentif. La sélection de vins est judicieuse.
En résumé : notre recommandation est INCONDITIONNELLE !!
Oscar et Thibault
CODA
15 rue de la Tour des Dames
75009 Paris
Restaurants et restaurĂ©s : Que reste tâil de nos amours ?
JâespĂšre que vous, comme moi, vous avez eu, vous avez, vous aurez de bons rapports avec un restaurateur/bistrotier/chef.
Des relations particuliĂšres car il y a dâun cĂŽtĂ©, celui ou celle qui vous reçoit, qui vous nourrit, qui vous soigne et de lâautre, il y a vous qui en toute innocence ouvrez la bouche pour avaler en confiance ce quâon vous sert et vous enfin qui en toute politesse remerciez tant dâattentions.
Mais pas besoin dâĂȘtre fin observateur pour conclure que tout cela commence Ă faire partie dâune sorte de passĂ© idĂ©al Ă moins que pour une sorte de gastronomie quantique, persiste des bons rapports client/restaurateur dans un monde parallĂšle.
Câest-Ă -dire, un monde pas touchĂ© par lâeffet confinement/livraisons, phĂ©nomĂšne qui, en plus dâaffirmer burgers et pizza comme les commandes leaders des bons Français (sapristi ! pas du liĂšvre Ă la royale) ont Ă©liminĂ© le point le plus important de tout bistrot ou restaurant qui nâest pas le chef, comme la tĂ©lĂ©vision veut nous faire croire, mais la salle.
Je lâai dĂ©jĂ racontĂ© : une enquĂȘte de Gira Conseil, spĂ©cialiste du secteur a Ă©tabli lâordre dâattentes du Parisien qui mange dehors : Accueil, Ambiance, Mets.
Et autant lâaccueil que lâambiance sont de la responsabilitĂ© de la salle, du restaurateur quand il y en a un.
Bref, lâembrouille actuelle serait la consĂ©quence dâavoir confondu le melon, fruit, avec celui des chefs, depuis les disquisitions sur la cuisine comme un art jusquâau ridicule de termes comme mets signature.
Ou bien il sâagit des trous dans la raquette de certains cuisiniers, plus prĂ©occupĂ©s pour sa place dans les chaque fois plus nombreux classements et/ou pour leur omniprĂ©sence mĂ©diatique que pour la gestion ?
Le cas est que le restaurant a changĂ© de situation dans lâimaginaire, lĂ oĂč se confondait avec le plaisir dâune sortie, lâentorse aux repas maison ou carrĂ©ment lâidĂ©e de faire la fĂȘte. Pour beaucoup, il deviendrait une espĂšce dâobligation aigre-doux, le restaurateur et le client se regardant en chien de faĂŻence. Lâun dĂ©nonçant par exemple une taxe lapin, coĂ»t des rĂ©servations non honorĂ©es. Lâautre se plaignant de contraintes
-horaires, paiements anticipĂ©s, tĂ©lĂ©phones qui sonnent dans le videâŠ- de plus en plus prĂ©sentes.
Dans ce contexte, il ne faut pas oublier non plus lâempreinte paranoĂŻaque imposĂ© par le Grand FrĂšre inscrit dans notre quotidien voire internet, avec des contrats aussi longs quâillisibles, imprĂ©gnĂ©s par lâidĂ©e que soit vous ĂȘtes un fraudeur en puissance, soit il existe quelquâun prĂȘt Ă vous faire du mal.
Dans un communiquĂ© Ă la presse, « TheFork rĂ©affirme avec force sa volontĂ© de faire la guerre aux no-shows et son engagement sans faille aux cĂŽtĂ©s des restaurateurs ». De mĂȘme, lâintermĂ©diaire Ă la fourchette (une taxe par ailleurs, comme Booking pour les hĂŽtels) sâautoproclame « pionnier de la lutte contre ce flĂ©au depuis plus de 15 ans ».
Tout en ajoutant ceci : « TheFork a Ă©tĂ© la premiĂšre plateforme Ă dĂ©ployer lâempreinte bancaire pour sĂ©curiser les rĂ©servations et protĂ©ger les Ă©tablissements. Aujourdâhui, cet engagement se traduit par un arsenal complet de dispositifs, alliant technologie et prĂ©vention, pour accompagner les restaurateurs au quotidien : confirmation systĂ©matique de rĂ©servation, empreinte CB, dĂ©tection des profils Ă risque grĂące Ă lâIA⊠et dĂ©sormais, une toute nouvelle fonctionnalitĂ© : la prĂ©-autorisation bancaire permettant de vĂ©rifier la validitĂ© d'un mode de paiement et de garantir au restaurateur de percevoir son revenu. Autant de solutions concrĂštes pour Ă©radiquer le no-show et prĂ©server lâactivitĂ© des professionnels ».
DĂ©tail de la sociĂ©tĂ© paranoĂŻaque : prĂ©voir une punition gĂ©nĂ©rale pour contrer le dĂ©lit particulier. Or, que reste-t-il de nos amours quand tout rapport doit passer par les mains dâun notaire ou dâun policier ?
Paradoxalement, The Fork prétend « protéger durablement la rentabilité des restaurants tout en préservant la relation de confiance entre restaurateurs et clients ».
Ambition dĂ©mesurĂ©e peut-ĂȘtre vue sa position de juge et partie, magistrat de son plein droit car « lorsque les comportements abusifs se rĂ©pĂštent, la plateforme assume pleinement son rĂŽle de rĂ©gulateur avec des mesures dissuasives et des sanctions : avertissement, puis suspension du compte aprĂšs quatre rĂ©servations non honorĂ©es au cours des 12 derniers mois ».
Dans ce monde devenu fou oĂč le crime et le chĂątiment sont dĂ©finis par une sociĂ©tĂ© commerciale, dans un autre site consacrĂ© Ă la restauration on lit cela : « La semaine derniĂšre, Bouillantes demandait sur le rĂ©seau Instagram sâil fallait faire varier le tarif du repas en fonction du temps passĂ© Ă table comme cela commence Ă se faire dans quelques adresses ».
Et ce nâest pas la seule contrainte dans la fertile (hostile) imagination de certains professionnels de la profession, celle dâengager celui qui veut rĂ©server une table Ă la dĂ©loger Ă une heure dĂ©terminĂ©e pour permettre Ă lâĂ©tablissement de doubler ses prestations.
Sans oublier cette autre proposition dans le vent : « taxer économiquement la personne plus ou moins eu égard du nombre de couverts demandés à la réservation ».
Un autre paradoxe : jamais les restaurateurs, chefs, cheffes et mĂ©dias intĂ©ressĂ©s nâont tant parlĂ© de vertu envers le personnel, les animaux, les producteurs ou les produits, en ne manifestant en revanche la moindre empathie au sujet des clients ; bien au contraire, en imaginant de plus en plus de mesures rĂ©pressives.
Le client est roi, mais seulement dans la période guillotine.
Avec toute ma sympathie pour ceux et celles qui exercent cette activitĂ© dĂ©mente de bien produire, bien cuisiner et bien servir deux fois par jour, tout en essayant de faire cadrer leurs comptes, je dois reconnaitre que moi, en Ă©crivant je pense dâabord au commensal.
Celui qui pour une raison ou une autre (Loi Evin par exemple ; interdiction de fumer ; des horaires changeantsâŠ) a vu se restreindre lâespace de temps/plaisir associĂ© aux sorties avec un corolaire certain de modification des habitudes.
Question : limiter les horaires, restreindre le temps de rĂ©servation, prendre lâempreinte de la carte de crĂ©dit, faire du restaurant/parking en mesurant combien de temps passe le client, va changer la donne et remplir les bistrots et restaurants ?
Je me souviens de feu Jean-Paul Bucher, rĂ©inventeur de la brasserie. En achetant (et cela en plein chaos de mai 68 !) Flo et Julien, noyau de son groupe, la premiĂšre consigne quâil a donnĂ©e aux serveurs fut de ne pas pousser les clients Ă partir en leur prĂ©sentant lâaddition non demandĂ©e.
Dans un autre ordre de choses jâai dĂ©jĂ Ă©voquĂ© lâhistoire plus rĂ©cente des crĂ©ateurs du groupe Big Mamma. Sortis dâune Ă©cole de commerce les deux associĂ©s ont passĂ© dâune Ă plusieurs adresses avec deux dĂ©tails : importer des bons produits italiens mais aux prix italiens et pas les prix parisiens pratiquĂ©s jusquâalors et (2), ne pas prendre des rĂ©servations, ce qui en plus donnait lâattrait dâune file devant les locaux, comme cela se passe depuis des lustres pour lâEntrecĂŽte par exemple.
Bref, quand le commerçant comprend que le restaurant est un commerce les choses marchent sans besoin dâĂ©tablir des mesures coercitives.
Bien sĂ»r, on peut parler de tant de bistrots, brasseries et restaurants qui sans couronner roi aux clients les traitent comme tels pendant chaque service. Et jâose penser que ce sont justement des Ă©tablissements rentables.
Quand il sâagit de choisir un restaurant, « le prix est aujourdâhui le critĂšre numĂ©ro 1, alors quâil y a dix ans, il arrivait aprĂšs le contenu de lâassiette », concĂšde Bernard Boutboul, prĂ©sident du mentionnĂ© cabinet de conseil Gira. Selon une Ă©tude menĂ©e par son cabinet en 2024, 19 % des Français ne vont jamais au restaurant, pourcentage en augmentation de 4 points ces dix derniĂšres annĂ©es.
Cela a influencĂ© la disruptive idĂ©e dâouvrir le premier crĂ©dit Ă la consommation⊠étoilĂ©e ?
Excellent cuisinier, ancien du Negresco niçois, Alain Llorca* vient de surprendre leur petit monde avec cette invitation :
« payer le repas en deux ou trois fois sans frais ».
Leur offre, « Ă partir de 100⏠dâachat pour les prestations du restaurant uniquement, avec cartes de crĂ©dit Visa et Mastercard, valide au minimum 1 mois aprĂšs la date du dernier remboursement par le client » sera comprise dans un contexte dans lequel un repas dans des restaurants Ă©toilĂ©s est encore perçu comme un luxe ?* HĂŽtel et Restaurant Alain Llorca. 350 Route de Saint-Paul, 06480 La Colle-sur-Loup - TĂ©l. : 04 93 32 02 93.
Oscar Caballero est journaliste culturel, chroniqueur gastronomique et auteur. Notamment de « Quand la cuisine fait dateâ.
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Les produits de saison
Les produits que lâon peut lĂ©gitimement trouver sur nos tables en cette saison.Â
La nectarine
Câest une variĂ©tĂ© de pĂȘches avec la peau lisse. Le noyau se dĂ©tache facilement Ă la diffĂ©rence du brugnon. Ce fruit est en pleine saison Ă partir de juillet. Vous pouvez les griller au barbecue ou les mettre en salade voire tout simplement les dĂ©guster nature. Plus elles ont de petits points sur la peau et meilleures elles sont en gĂ©nĂ©ral.
Charcuterie
PrĂ©paration du porc. DĂ©rivĂ© de charcutier, littĂ©ralement «marchand de chair cuite». Le fondement de la charcuterie est le porc, viande impure pour IsraĂ«l - et plus tard pour lâIslam - mais fort bien admise par la GrĂšce et surtout par Rome.
(Source : dictionnaire de lâacadĂ©mie des gastronomes)