Le Dicton du jour :
« Pluie d’orage à la Saint-Silvère (20 juin), c’est beaucoup de vin dans le verre. »
La Belle Quille
Bistrot|75009 PARIS
Joli nom mais triste expérience. Nous nous attendions à trouver un bistrot prometteur et nous sommes tombés sur une adresse sans aucun intérêt.
Comme quoi, les dés ne sont pas pipés… nous ne cédons pas à la facilité en nous focalisant sur des valeurs sûres, nous partons à l’aventure. À nos risques et périls. Et cette fois, ce furent les périls. Cuisine sans intérêt nous ressortant des recettes éculées: tataki de thon, piquillos fourrés au fromage de chèvre, salade de poulpe (ce qui ne supporte pas la médiocrité). Bref rien que de très médiocre. Un établissement qui manifestement ne dispose pas d’un chef.
Le service ? Inexistant. Nos voisins de table se sont éclipsés sans passer commande et cela n’a ému personne !
Le prix est excessif par rapport à la prestation.
Une adresse à mémoriser afin d’éviter d’y retourner.
Oscar et Thibault
La Belle Quille
48 rue d’Amsterdam
75009 Paris
Livres, Mille Feuilles, wagyu en torchon et Librairie Gourmande
C’était Les Mille Feuilles, une librairie dans le coin Rambuteau-Rue du Temple, le 7 juin 1980. La radio annonça la mort de Henry Miller. Je descends et dans cette librairie salon de thé, à deux pas de chez moi, quant à peine l’explosion Beaubourg a commencé à redessiner le quartier, je rachète Jours tranquilles à Clichy. À la caisse, en discutant les vertus et défauts de celui qui se définit dans un autre livre «pas plus con qu’un autre», mon interlocuteur me parle d’un ami à lui qui avait été le secrétaire de Miller.
-Voulez-vous lui parler ?
En quelques minutes j’avais concerté un rendez-vous dans la gare d’Orsay Ville et me voilà trois heures plus tard à noter les souvenirs d’un homme blessé (derrière tout grand homme…), un Québécois partagé entre l’admiration pour son ancien patron et une certaine rancune.
De retour chez moi, sur une machine à écrire (voir internet) j’ai rédigé la plus originale des nécros de Miller grâce aux souvenirs d’un moins que rien devenu un plus que Henry, quoique post mortem.
D’autres tropiques, maintenant, dans un beau livre qui pour une fois n’a pas besoin d’être qu’un objet convenu avec une destinée décorative.
En fait, le dit beau livre peut signifier une extension du concept d’auteur, celui qui en plus d’écrire s’occuperait de concevoir une forme et de la peupler avec des photos qui ont voyagé avec lui, étant donné que l’auteur se définit comme «voyageur, écrivain, journaliste et critique gastronomique», quoique l’idée même d’illustration puisse correspondre ici à une citation en belle et grande typo à la place d’une photo, l’image d’une coupure de journal concurrencer celle de la couverture d’un livre de Danzaï Osamu en vis-à-vis du chapitre Do not disturb.
Ainsi de Baudelaire (Le Spleen de Paris) dont la taille des lettres collabore à transformer l’écrit en cri : «N’importe où ! n’importe où ! Pourvu que ce soit hors de ce monde !». Sublime objection ! Y retournerai-je ? (Flammarion), de François Simon (355 000 abonnés sur Instagram), l’objet visuel à lire dont je vous parle préfère le parcourir, le monde, chaque halte se révélant nourricière, pas chichiteuse, d’un tempura de melon amer en barquette de plastoc chez Hônen Okinawa Ryôri-ten aux «minis sandwichs style escabèche et poire » du Quimet&Quimet de Barcelone ou l’ensemble d’assiettes proposées par le chef propriétaire Szabo Tillou, au Concordia (Bâle).
Comme il faut plus que du pain pour nourrir son homme, le livre nous met devant des mets dans quelques sept cents adresses, d’Ainhoa, Arles, Bergame ou Berlin, Californie ou Canada, Chile et Bolivie, Dakar et Dubaï, Ecosse et Finlande, Grenoble ou Hanoï, Helsinki, Istamboul ou Kyoto, Lille y Lisbonne, Lyon et Maldives, Marrakech et Memphis, Mumbai et Naples et New York, Nice et Osaka, Palerme et Parias, Patagonie et Porto, Sapporo ou Seattle, Suède et Tokyo, Venise et Vienne…
Enfin, si la lecture des 10 choses à ne pas faire en train vous surprend en train de les faire, vous pouvez toujours descendre, à condition de le faire dans le chapitre Gares à toi. Et quitte à changer de livre comme on change de train, lisez ceci :
«La femme qui m’obsède fait des pieds et des mains pour toujours insister sur son éducation vraiment communautaire. […] Quand elle est en voyage, elle envisage le marché fermier local comme l’église du coin. […] Elle publie ses achats hebdomadaires sur son fil Instagram […] Elle achète du bœuf wagyu et vas-y que je t’enveloppe dans un torchon imbibé de sel, de vin rouge et d’herbes pour le mettre à rôtir sur le feu. Les commentaires sur ce post prennent un ton urgent pour s’alarmer du sort du torchon sacrifié, et je me dis que les Blancs sont tous à la ramasse avec leur empathie délirante pour tout et n’importe quoi hormis des vrais êtres humains à fort taux de mélanine».
Réflexion de la protagoniste : «Et si je n’ai pas envie d’un truc sain, et si je veux quelque chose que j’aime et qui est mauvais pour moi, un petit plaisir pour oublier le métro-boulot-dodo, un truc immédiat, rapide, gras et délicieux ?».
I’m a fan c’est le premier roman de Sheena Patel, trentenaire, romancière et réalisatrice britannique d’origine kényane, indienne et mauricienne, qui a reçu en 2023 le Discovery Awards et fut traduit dans treize langues y compris le français splendide de Marie Darrieussecq (Je suis fan ; Gallimard).
Pour boucler la boucle rien de mieux que de finir dans une librairie, la bien nommée Gourmande, née au Quartier Latin dans les mêmes années 1980 du commencement de ce billet, avec l’ineffable Geneviève Baudon, dont le mari Marcel, bouquiniste, lui avait inoculé le venin, seule détentrice en France pendant des années des exemplaires du premier livre du duo Juli Soler/Ferran Adrià, El Bulli El sabor del Mediterráneo, la saveur de la Méditerranée, que Geneviève vendait au goutte à goutte. (Sur internet le livre est annoncé à 1.750€ maintenant, le mot occasion pour définir ce nouveau marché qui ne profite ni aux auteurs ni aux éditeurs ni non plus à un libraire : uberisons !).
Ah ! Marcel, bonne fourchette, a été client fidèle du premier Fogon, rue Saint-Julien-le-Pauvre, dont le patron, Alberto Herráiz, était à son tour client de Geneviève.
En 2007, Deborah Dupont Daguet une autre amatrice des livres dans toutes ses manifestations et bien sûr de la gastronomie, rachète le fond que la retraite de Geneviève avait laissé orphelin et réinstalle la Librairie Gourmande* rue Montmartre.
Boucler la boucle que je disais ? Depuis deux mois la Gourmande est revenue Rive Gauche, avec armes et bagages (plus de 20.000 références), «entourée des écoles Ferrandi, du lycée Guillaume Tirel et des brasseries historiques de Montparnasse» comme souligne le dossier de presse, dans les murs d’un ancien restaurant, pour décupler le plaisir de Deborah, autrice aussi dans la vie.* LA LIBRAIRIE GOURMANDE. 50 rue Vavin, 75006 Paris www.librairiegourmande.fr
(Livraison possible en France et à l’étranger). Ouvert de 11h à 19h du mardi au samedi.
Oscar Caballero est journaliste culturel, chroniqueur gastronomique et auteur. Notamment de « Quand la cuisine fait date”.
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Les produits de saison
Les produits que l’on peut légitimement trouver sur nos tables en cette saison.
L’aubergine
Quel merveilleux produit seul ou accompagné ! Encore faut-il savoir le cuire. (Faites les dégorger 30 mn avec du sel pour éviter qu’elle n’absorbe trop d’huile d’olive). Sinon au four, grillée ou à la vapeur. Belle et bonne, alors il faut en profiter. Caviar d’aubergine, ratatouille, farcie ou en moussaka. Haro sur la bête !!
Moussaka
Cet apprêt, qui nous vient de Roumanie, est constitué par un alternat de couches d’aubergines, débitées en tranches, farinées et dorées au beurre, et de couches de hachis de mouton ou de bœuf à la graisse de rognons de veau et à l’oignon. Le tout, mouillé avec des tomates fondues et passées, dûment condimenté, est cuit à feu doux.
(Source : dictionnaire de l’académie des gastronomes)