Le Dicton du jour :
« À la Saint-Antoine, on peut compter sur son avoine. »
Aux Lyonnais
Bistrot|75002 PARIS
Difficile de contester que Lyon est la Capitale de la gueule… Et l’un des symboles de ce constat ce sont les fameux «bouchons lyonnais» qui ont su garder plus d’âme que les bistrots parisiens. Paris a la chance d’en avoir plusieurs dont un très digne représentant avec cette adresse bien connue et restée dans son jus depuis de nombreuses années. Aux Lyonnais, c’est tout un programme d’autant plus que ce jour là y déjeunait une vieille gloire lyonnaise, histoire d’y mettre une touche supplémentaire d’authenticité. Nous nous y sommes régalés d’une salade frisée, d’une très belle terrine de lapin et bien sûr de Quenelles qui étaient absolument parfaites.
Le cadre est très joli et très lumineux. Le service est avenant. Les prix sont sages.
Bref, une très belle adresse.
Oscar et Thibault
Aux Lyonnais
32 rue Saint Marc
75002 Paris
Des prédateurs aux banquets vertueux pour finir au bistrot
Pour vous qui aviez songé être invité parmi les puissants de ce monde et partager la table avec eux le temps d’un dîner, voilà que même pour les initiés il peut y avoir des surprises pas très agréables, au point de vous faire souhaiter une télétransportation vers le bistrot de votre quartier.
Imaginez par exemple que vous avez traversé l’Atlantique et vous êtes à Chicago, convenablement dresscodé, quoique inconfortablement jetlagué. Mais voilà ce qui vous attend en démarrage d’un dîner de gala.
«Le potager de la Maison-Blanche était très puissant, car très symbolique. Faire pousser des aubergines et des courgettes et montrer des images de la première dame agenouillée dans la terre, entourée d’enfants, renvoyait un message très fort à la nation et au monde».
«La grande halle du musée de la Science de Chicago peine à contenir l’attente et l’excitation des personnes présentes. Nous sommes -raconte Giuliano da Empoli dans l’Heure des prédateurs, Gallimard- au dîner inaugurale de la fondation établie par Barack Obama à sa sortie de la Maison Blanche».
« Nous avons parcouru sept mille kilomètres pour être ici ce soir. Et nous voici devant l’ancien chef cuisinier de la Maison Blanche qui nous vante les mérites du potager biologique de Michelle. Après le cuisinier, un autre orateur s’approche de la scène. Un certain Michael Hebb. En consultant sa biographie en ligne, je découvre qu’il fut le pionnier de la consommation réfléchie de chocolat en entreprise, avant de fonder une organisation appelée Death over dinner, la mort à table».
«…Les premiers brocolis bio du chef ont fait leur apparition sur la table. Les commensaux viennent d’entamer les premiers contacts timides lorsqu’une jeune personne assise à notre table prend la parole».
«Bonsoir, je m’appelle Heather, je serais votre facilitateur de conversation ce soir».
«À la suite de cette brève introduction, nous découvrons avec horreur que le format du dîner ne prévoit pas que les invités interagissent spontanément les uns avec les autres, mais plutôt une conversation dirigée par Heather, qui nous permettra de dépasser les politesses d’usage pour atteindre un niveau d’échange plus profond.
«…Pour briser la glace, Heather nous raconte en quelques mots et avec beaucoup de verve son parcours de transgenre métis, adopté par une famille de Chicago».
Encore conseiller de Matteo Renzi, ancien maire de Florence puis président du Conseil italien, da Empoli s’attendait à une rencontre énergisante en ce moment de confusion devant la première présidence de Trump. Au contraire, il rentre en Europe «avec le sentiment d’avoir rencontré de nombreuses personnes sympathiques et pleines de bonnes intentions, mais plutôt mal équipées pour mener à bien la bataille qui s’annonçait».
Heureusement, da Empoli manie l’ironie car sur à peine 152 pages et une succession d’histoires vécues -par exemple en accompagnant Emmanuel Macron à New York et Montréal en 2024- il dépeint un mondo cane, plus discernable dit-il chez Machiavel, Suétone, Tacite, Juvénal ou Pétrone, que dans des essais contemporains.
Car le sien, le nôtre, c’est le monde de MBS, un prince échappé de Machiavel, celui de Trump et de Poutine et des sociopathes, comme da Empoli nomme les patrons de la tech.
The end, cependant car si la situation est mauvaise, les derniers mots du livre («la lutte continue») font croire que rien n’est perdu. Giuliano da Empoli. l’Heure des prédateurs, Gallimard, 19€.
Belle occasion donc pour changer du dîner vertueux de Chicago tout en affirmant la supériorité gastronomique du bistrot sur les dîners d’apparat et du foie de veau à l’anglaise -pour donner un exemple- sur le brocoli, soit-il sorti du potager de l’ancienne présidente.
Et là je fais appel à l’Alsacien Jean-Paul Aron (1925-1988), philosophe et gourmand, cofondateur en 1981 du Club des croqueurs de chocolat et surtout l’auteur du Mangeur du XIXème siècle (1973), une leçon de choses pour laquelle je l’ai interviewé vers 1980 dans un bistrot, Chez Georges*, qu’il me fait découvrir alors.
Un bistrot qui est toujours aujourd’hui de bon conseil. Ouvert par Georges Constant en 1964, ce bistrot repris en 2010 par Jean-Gabriel de Bueil est une valeur sûre pour des viandards, mais on peut revenir que pour l’imposante sole meunière. On comprend que les desserts s’appellent tarte tatin, profiteroles, île flottante…* Chez Georges. 1, rue du Mail, 75002 Paris.
Tél.: 01 42 60 07 11. Accueil jusqu’à 23h. Fermé samedi et dimanche et trois semaines en août. Carte : 60€-95€.
Oscar Caballero est journaliste culturel, chroniqueur gastronomique et auteur. Notamment de « Quand la cuisine fait date”.
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Les produits de saison
Les produits que l’on peut légitimement trouver sur nos tables en cette saison.
Les groseilles
On pense toujours à la gelée de groseilles - et pour cause, quelle merveille - mais elles peuvent aussi s’accommoder salées et notamment en chutney ou dans une salade.
Condiment
Toute substance destinée à relever le goût d’un aliment au cours de la préparation ou sur table.
(Source : dictionnaire de l’académie des gastronomes)