Le Dicton du jour :
« À la Saint Valentin, la pie monte au sapin ; si elle n’y reste point, l’hiver n’est pas à la fin. »
Sormani
Restaurant italien|75017 PARIS
Depuis des décennies maintenant, le Sormani est considéré - à juste titre - comme un des meilleurs restaurants gastronomiques italiens de Paris. Il était à craindre que la maison décline après le départ de l’emblématique Pascal Fayet. Il n’en est rien. Franck a repris la barre avec brio. Dans la maison depuis longtemps, il en maîtrise tous les codes.
Le service est immuable c’est à dire très sympathique. On vous met à l’aise dès que vous passez la porte.
Très belle carte que ce soit pour la cuisine ou pour les vins.
C’est toujours agréable et rassurant de voir qu’une institution peut traverser le temps sans perdre son âme.
Oscar et Thibault
Sormani
4 rue du Général Lanrezac
75017 Paris
C’est un attrape-cœurs depuis quelques années : dîners de la Saint-Valentin
Il y a d’abord une nuit sans, pour les solos. Car il va de soi que partout il s’agira de tables de deux. Mais le pire n’est pas exactement là ni non plus dans le côté gnangnan : l’obligatoriété de s’exhiber en amoureux-se.
Mais non, pour le pire, laissons la place aux menus. Il est convenu que les chef(fes) sont maintenant des artistes, des créateurs. Regardez les menus du 14 février pour tomber des nues. Ils sont d’une platitude ! Le champagne doit être rosé. Le chocolat blanc -donc ce n’en est pas un- toujours en forme de cœur.
S’il s’agit des viandes, seulement du veau ou bien la volaille, sont admis. Mais surtout poisson et mieux encore des Saint- Jacques, du saumon pour la vulgarité ou bien du homard pour le blingbling. Dans ce secteur, le luxe serait la truffe (l’huile et celle d’été pour les pauvres qui, cependant paient cher sa chère) et le caviar de culture -du pseudo- pour ceux, les moins, qui un jour l’ont mangé sauvage.
On sait bien que les Saint-Jacques sont une coquille dans le texte gourmet, sauf quand elles ont été pêchées à la main, ce qui est rare.
Et ne parlons pas du saumon, de la petite noblesse de jadis.
Mais le corps du délit, en plus de la fête convenue, c’est la mièvrerie des choix. Comme si les amoureux ne pouvaient se délecter d’une côte de bœuf, d’un confit de canard, de la bonne charcuterie, d’un Saint-Pierre entier, d’un roquefort (cent ans de AOC en 2025), d’un baba au rhum.
Restés à la maison, les couples peuvent se montrer insensibles à la dépression en se penchant sur la proposition de l’enseigne de congelés : « Régalez-vous pour 7,47€ par personne ».
Pourquoi pas ?
Les plus malins vont dîner au restaurant le 13 et après, du champagne à minuit passé pour faire du romantique convenu, mais sans menu.
Ou le 15, en jouant à pister dans les propositions des restaurateurs déçus la nuit d’avant, leur art d’accommoder les restes.
Une nouveauté cependant : en même temps que les huîtres, jadis considérées aphrodisiaques, sont en perte de vitesse dans les menus du 14 ; le pesto, avec son pluriel pour d’autres verts que celui du basilic, d’autres croquants que les pignons, même rougissant par la tomate, malgré sa rusticité ou bien grâce à la colonisation des palais que réussissent si bien les Italiens, a trouvé un créneau dans les menus type.
En parlant des Italiens, j’ai trouvé un bon rapport qualité plaisir -à condition de se déplacer- dans le saint (Valentin) des saints, de l’hôtel Portrait Firenze (« l’élégance florentine à deux pas du Ponte Vecchio »), dont le restaurant Caffè dell’Oro accueille les amoureux avec un gazpacho hivernal au daikon et shiro shoyu, avant les bottoni (des ravioli garnis à la Genovese de bœuf -sorte de succulent ragoût cuit pendant plus de 4 heures-, carotte et Provolone del Monaco. En plat, un mer/terre mariant (jamais mieux employé le terme) le filet de bœuf aux Saint-Jacques, avec du chou rouge, pomme et tamari toscan.
Finale chocolatée bien sûr, avec Soffice al Cioccolato Orizaba, contournée des fruits jaunes, fève tonka et caramel. Et voilà !
Tout en admettant qu’il y a toujours là le poncif des Saint-Jacques -mais du moins avec du bœuf- et l’indécrottable chocolat, voilà que le prix est plutôt tendre (70€ par personne) surtout que le vin (une bouteille de Lacryma Christi Riserva Don Vincenzo 2019 Casa Setaro) est compris.
On sait bien que le voyage appelle le voyage. Malgré leur nom qui sent bien son Tolstoi, Anastasia Shapovalova, du site voyageur holidu, nous enseigne que la ville de l’amour, notre Paris, n’est pas, hélas ! sélectionnée parmi les vingt villes françaises qui appellent les amoureux pour un détour du 14 février.
Le site profite du premier poste de Rouen (avec La Rochelle et Bordeaux sur le podium) pour dévaler tous les tuyaux et vendre la ville.
Mais on a le droit de se demander le pourquoi de l’absence du seul village français nommé comme le saint et placé dans le cœur (oui !) du Berry.
De quoi rejaillir sur le bon vignoble voisin de Reuilly car fort de son Jardin des Amoureux et autre Arbre aux vœux, ce Las Vegas français est l’hôte de couples en formation ou confirmation -des Japonais principalement- qui profitent de la sismicité faible de la région et ne sont point forcés d’obéir au nom du fleuve (Tournemine), au contraire : en se regardant les yeux dans les yeux.
Qui plus est, ils retourneront chez eux bien nourris, car fier de son étoile (sa chance et sa distinction) le chef Masami Kimura fait le plein dans son Au 14 février, avec un mur d’art naïf orné de colombes et/ou d’humains volants (je n’ai pas pu faire la part des choses). Comme vous pouvez vous en douter, Monsieur Kimura promeut « un mariage de saveurs ».
En apprenant la course en tête de Rouen, par ailleurs, je me suis souvenu de ma surprise devant la bonne connaissance de cette ville de la part de mon complice Thibault.
En effet, peut-être pour soulager les yeux étonnés de nos deux voisines de table au bistrot Paul Bert (dorénavant colonisé le soir par le tourisme instagramminformé), devant nos cervelles de veau (dans nos assiettes, pas émergeant de nos têtes), il leur a brossé en cinq minutes le plus complet des plans de Rouen, la ville qu’elles quittaient le lendemain.
Y compris l’assurance d’un bon repas Chez Gill*, le bon restaurant de l’excellent chef Gilles Tournadre.
Et comme toujours Gilles maîtrise autant pigeons et canards qu’un fameux ris de veau ou le mille-feuille minute, voilà que l’on finit avec la suggestion de réserver une table là pour demain, en amoureux… de bon mets, un amour à honorer les 365 jours de l’année.* Restaurant Gill. 8-9 Quai de la Bourse. 76000 ROUEN.
Tél. : 02 35 71 16 14
Instagram : https://www.instagram.com/gillestournadre/
E-mail : restaurant@gill.fr
Service de 12h à 13h45 et de 19h30 à 21h45. Fermé Dimanche, lundi et mardi.
Oscar Caballero est journaliste culturel, chroniqueur gastronomique et auteur. Notamment de « Quand la cuisine fait date”.
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Les produits de saison
Les produits que l’on peut légitimement trouver sur nos tables en cette saison.
La carotte
Les français en sont les plus gros consommateurs en Europe. Crue ou cuite c’est un légume plein de vitamines. Évitez de les éplucher - donc préférez les petites - car les nutriments se trouvent principalement dans sa peau.
Nous allons très bientôt voir arriver les premières carottes primeur. Idéales pour vos futures jardinières à cuire en cocotte…
Cuisine italienne
Elle est certainement l’une des meilleures du monde. La véritable cuisine italienne possède de longues et hautes traditions, une très grande variété, de succulentes richesses, et si le gourmet veut bien prendre la peine de l’explorer quelque peu, il est sûr de lui porter gratitude et respect.
(Source : dictionnaire de l’académie des gastronomes)