Le Dicton du jour :
« À la Saint-Antoine (17 janvier), les jours augmentent d’un dîner de moine. »
Le Vieux Comptoir
Bistrot|75001 PARIS
Excellente adresse nichée au coeur de Paris à une encablure de Notre Dame. Vous y trouverez tous les classiques de la cuisine de Bistrot. Pâté en croute, cochonnaille, la saucisse maison, le bœuf bourguignon, les rognons et l’inévitable baba au rhum. Nous avons allègrement plongé dans la carte, résistant peu à la tentation il faut bien l’avouer. La cuisine ne souffre d’aucune critique et le service est particulièrement sympathique et souriant. Un excellent moment à un prix très raisonnable.
(Le fait que les propriétaires soient lorrains n’a en rien influencé cette chronique !)
Oscar et Thibault
Le Vieux Comptoir
17 rue des Lavandières Sainte-Opportune
75001 Paris
Trois grosses affaires à boire et à manger : sous excuse de vertu, des sous
Dans son dernier quart, le XXème siècle a inventé trois grosses affaires qui se manifestent maintenant dans toute sa splendeur. D’abord le bio, bébé dans les années 1970, religion d’une bonne partie des Occidentaux dans les années 2020 (les autres, soit ils étaient bio sans le savoir, faute d’industrie, soit ils rêvaient de yaourt industriel), avec un C.A. de 13 milliards d’euros en France en 2021.
En deuxième lieu le halal, inconnu au bataillon ou presque en 1970, affaire de gros sous maintenant (plus de sept milliards d’euros en 2023, seulement en France).
Caractéristique commune : dans les deux cas, l’aliment du corps va de pair avec une injonction spirituelle, sans aucune justification objective.
Et, comme bien sûr, le solide exige toujours du liquide, et que les obligés du halal ne boivent pas d’alcool, tandis que ceux du bio militent pour la santé du corps et l’éternité de l’âme, voila qu’est advenu, dans la même époque, d’abord comme une (mauvaise) blague des saxo-alcooliques, plus tard comme une militance et enfin comme une affaire, le Dry january.
Le voilà donc que de l’abstinence on passe à la consommation effrénée, trait commun aux trois inventions.
Attention, car l’exception culturelle mondiale n’est point française mais parle anglais, souvenons-nous que la campagne et la marque « Dry January® » ont été développées et portées par l'association britannique Alcohol Change UK.
Et bien sûr adaptée en France franglaise par un collectif d’associations et des réseaux.
Tels des écologistes, qui pour rejeter la voiture ne se proposent pas de marcher (lu dans Nature, puits de science : une heure de marche égale à 6 heures de plus de vie), trop simple, mais qui tombent en enfance sur des patins, skates et autres trottinettes, les assoiffés vertueux ne voudront pas se limiter à l’eau.
Boire de l’eau ?
Ta gueule ! (Pas de bois)
Une escalade de vins sans alcool, des alcools sans, des combinaisons de tonics vertueuses avec des botanistes pour des gins tonics dont vous aurez le sucre mais non fermenté ; vous aurez le soupçon mais pas la preuve.
Réjouissons-nous cependant, l’Armée du salut est bien loin.
Abstinents mais capitalistes, les musulmans qui ne mangent que halal, les juifs qui ne mangent que casher autant que les autres empêchés, mélange des chrétiens qui, eux n’observent plus le carême, mais adorent l’héritage de Carême, et des athées dieu merci et des matérialistes dans l’âme qui se nourrissent bio, tous ensemble communient sans distinctions de race et de religion.
Puisque l’hostie sera sans gluten, le vin deviendra le sang désalcoolisé du prophète, dans un royaume No/Low. Finies donc les ivrogneries bibliques.
L’heure du sobrelier est arrivée !
Pionnier, Augustin Laborde a ouvert dans le 19ème parisien, en avril 2022, Le Paon qui boit*, “boissons sans alcool pour des adultes”, avec un demi-millier de références. Et en ajoutant de la littérature, car avec Maud Catté, Laborde a signé un livre sur les accords plats-boissons No/Low et des recettes de mocktails. Des mêmes auteurs, les deux premiers guides d’un Paris désalcoolisé, l’un ajoutant l’expertise de la journaliste Raphaële Bortolin, celle de Fabien Humbert l’autre, le tout aux Éditions Massin.
Plus fort encore, depuis le 1er janvier 2025, chaque jour du mois, hommage à cette paradoxale interprétation de boire sec, Le paon qui boit propose des dégustations et autres divertissements sobres (https://le-paon-qui-boit.odoo.com/).* Le Paon qui boit. 61 rue de Meaux, 75019 Paris.
Tél.: 01 40 05 19 03. Fermé le dimanche. En janvier, lundi de 15h30 à 20h30 et du mardi au samedi, de 11h à 20h30 (sans interruption).
Oscar Caballero est journaliste culturel, chroniqueur gastronomique et auteur. Notamment de « Quand la cuisine fait date”.
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Les produits de saison
Les produits que l’on peut légitimement trouver sur nos tables en cette saison.
La betterave
Nous en trouvons toute l’année - la France est le deuxième pays producteur derrière l’Italie - mais c’est vrai que nous la voyons beaucoup l’hiver. D’un goût très agréable, elle vient utilement agrémenter les assiettes hivernales.
Cuite, elle est très souvent accompagnée de mâche (nous sommes en pleine saison) mais nombreux sont ceux qui l’aiment crue finement râpée avec une vinaigrette aux herbes.
Le Baba au Rhum
C’est le bon roi de Pologne - qui fut aussi Duc de Lorraine - Stanislas (1677-1766) qui, en trempant un kougelhof dans un sirop de rhum à sa façon, créa l’ancêtre de notre Baba. (Pour l’anecdote on raconte qu’il était très gourmand et qu’à la fin de sa vie il n’avait plus de dents… d’où l’idée d’attendrir son gâteau!)
(Source : dictionnaire de l’académie des gastronomes)