Le Dicton du jour :
« À la Sainte-Julienne (16/2), faut toujours que le soleil vienne, s’il luit peu, bon pour les bœufs, s’il luit prou,
c’est un bon Août ».
AU PETIT RICHE
Brasserie|75009 PARIS
C’est toujours agréable de voir une vieille et belle maison retrouver des couleurs. C’est bien le cas avec le Petit Riche. Jadis vitrine incontournable des vins de Loire, la maison avait peu à peu disparu dans les limbes et voici qu’on la redécouvre avec un nouveau chef venu de très loin certes mais avec un joli bagage.
La carte respecte les grands classiques bien sûr mais elle sait se renouveler au fil des saisons. On revient avec un plaisir d’autant plus grand que le service est absolument charmant. Chaleureux sans être outrageusement familier.
Et bien évidemment on retrouve une très belle carte des vins avec notamment une jolie sélection de vins au verre.
Le bonheur retrouvé…
Oscar et Thibault
Au Petit Riche
25 rue Le Peletier
75009 Paris
01 47 70 68 68
Cuisine des contrées imaginaires et un Severo sévère sur la viande pas sur l’eau
Alberto Manguel est un gros lecteur : il vient de donner sa bibliothèque de 40 000 volumes à l’Institut de recherche sur l’histoire de la lecture que lui-même a créé à Lisbonne où il réside, après avoir vécu en France, à Tel Aviv, en Argentine (il est né en 1948, parti en 1968, dirigé la Bibliothèque Nationale de 2015 à 2018), à Londres et au Canada, dont il porte la nationalité.
Alberto Manguel est un fin lecteur : adolescent à Buenos Aires, il faisait la lecture à Jorge Luis Borges, le poète aveugle.
Alberto Manguel est un gourmand lecteur : de son propre aveu, la seule chose qui peut le distraire devant le livre ouvert c’est d’ignorer ce que le personnage mange. Et aussi la déception de ne pas pouvoir goûter quand chère il y en a.
Et comme Manguel est aussi un gros - et aussi un fin, simultanément - écrivain, il nous invite, dans La cuisine des contrées imaginaires (Actes Sud) à goûter des plats énoncés, mangés ou seulement évoqués - même ceux qu’il imagine - dans une demi centaine d’œuvres et d’auteurs, de Homère à Cervantes ou Borges, de Rabelais à Camöes, de Melville à Lewis Carroll.
Il y a aussi quelques boissons. Le Dracula de Bram Stoker lui inspire un Cocktail au Sang Frais où betterave et tomate donnent la couleur à la vodka.
Là où il faut un œuf de dragon, il a la gentillesse de proposer en échange 5 œufs de poule plus faciles à trouver.
Et si Rabelais n’a pas connu la banane sauf en souriant, Manguel en fait appel, inspiré par Le Quart livre des faicts et dicts du bon Pantagruel, 1552, pour un dessert qu’il baptise Douce nuit givrée, sorte de milk-shake, au pire un milk fake.
Il n’empêche, le livre ouvre deux appétits, celui de réaliser l’une des recettes (attention, Manguel, fine lame, cuisine depuis son adolescence) et celui de lire ou de relire les livres.
Enfin, tchin-tchin pour Marie Catherine Vacher, traductrice, pour la très lisible disposition française des recettes.
Achetez le livre, bon sang ! comme dirait Dracula.
Bon sang ne saurait mentir, justement. Même mort le grand Christian Parra, le succulent boudin qu’il avait mis en boîte l’a longuement survécu. Il est l’une des entrées chez Le Severo*, temple de la viande, depuis 1987 dans le coin.
C’est là que l’ancien boucher William (qui apprête et vend aussi à emporter), le gentil Gaël et le cuistot Johnny proposent la meilleure chère. Et la maison s’est même exportée à Tokyo.* Le Severo, 8 rue des Plantes, 75014 Paris.
Oscar Caballero est journaliste culturel, chroniqueur gastronomique et auteur. Notamment de « Quand la cuisine fait date”.
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Les produits de saison
Les produits que l’on peut légitimement trouver sur nos tables en cette saison.
Symphonie ? Impérial ? Et bien sûr le Monstrueux de Viroflay… Ce sont les trois principales variétés d’épinards qui font notre bonheur tout au long de ces mois d’hiver durant lesquels on consomme principalement des racines ! Il accompagne tout (viandes, polissons et œufs) avec douceur.
Comme chacun le sait, il est riche en fer mais bien moins que la légende ne le dit.
Sachez qu’il faut le traiter avec soin et surtout ne pas trop les cuire sinon ils perdent leur saveur.
Le Cari. Le piment, le safran, le poivre et d’autres épices pulvérisées sont les composantes essentielles du cari, où il entre dans des proportions variables selon les régions : à la Réunion et à l’île Bourbon, le safran domine.
Mets fort plaisant qui n’a d’autre inconvénient - si c’en est un - que d’assoiffer quelque peu. Il est donc sage de garder à portée de la main un bon pichet bien frais de Beaujolais, Chignon ou autre Bourgueil…
À noter que Currie ou Curry est la transcription anglaise de Cari. Et voilà.
(Dictionnaire de l’académie des gastronomes)